20 Feb
20Feb

Portrait de Nathalie Guiffault, sylvothérapeute 


Nathalie, peux-tu te présenter ?


Je m’appelle Nathalie. Je suis franco-suisse, installée à Lausanne depuis plus de 40 ans et toujours aussi émerveillée par la nature environnante.

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours habité dans des endroits proches de la nature. Petite fille, je passais des heures à jouer dehors avec mon frère et nos copains et copines.

Sans doute cela a-t ’il contribué à planter la graine de ma sensibilité au monde vivant naturel.

Pour autant, je ne me suis pas orientée dans une voie professionnelle en lien avec la nature. Tout en construisant ma vie de famille, j’ai changé plusieurs fois d’activité, en France et en Suisse : j’ai d’abord commencé par des études d’allemand, pensant me tourner vers l’enseignement, puis j’ai été cadre dans l’hôtellerie, secrétaire de direction, restauratrice indépendante. J’ai passé de longues années plus attirée par la vie citadine que par la nature.

La graine a éclos à la suite d’une histoire personnelle, qui m’a conduite à créer ma solo-entreprise.


Peux-tu nous en parler ?


En 2020, j’ai fait un burn-out.

Je me souviendrais toujours d’une des premières ordonnances médicales de mon médecin : « allez dans la nature ».C’est ce que j’ai fait, de plus en plus souvent car au fur et à mesure de mes déambulations solitaires, je ressentais des mouvements intérieurs bienfaisants : en forêt, les émotions difficiles se tenaient à distance, les inconforts physiques s’atténuaient.

Interpellée par la puissance régénératrice de la forêt, je me suis renseignée sur le lien entre nature et santé : : livres, émissions de radio, documentaires, conférences, études universitaires et scientifiques.

Début 2022, j’ai ressenti le besoin d’approfondir ces connaissances. J’ai choisi de me former auprès de l’organisme Forest Therapy Hub, dont la méthode se fonde sur la littérature scientifique internationale. Je suis à présent certifiée guide de bains de forêt et praticienne en thérapie forestière.


Peux-tu nous expliquer ton métier, ce que tu proposes ?


Je suis une guide qui ne guide pas !

Mon métier consiste à réunir toutes les conditions pour faciliter la rencontre directe – ou exposition directe – entre chaque personne et la forêt. La qualité de cette rencontre est personnelle et intime. Elle dépend de son histoire, de ses expériences passées.

Par conditions, j’entends :

  • sécurité émotionnelle et psychologique : les activités ont lieu dans un cadre bienveillant, de confiance, non-jugeant et confidentiel
  • sécurité physique : les lieux sont choisis avec soin pour cheminer sereinement sur les sentiers et dans les clairières

Je propose des bains de forêt, des marches nocturnes sensorielles, un accompagnement individuel au burn-out en forêt, un plan de « santé verte » et des ateliers d’art expressif en nature.

Ces activités sont basées sur la connexion émotionnelle avec la nature, la curiosité, la découverte, l’envie de s’alléger, de revenir à des fondamentaux plus simples, de se régénérer physiquement et mentalement.

Lors de ces activités, les participant.e.s sont invité.e.s à vivre des pratiques diversifiées, de manière individuelle, en binôme ou en groupe.

Les cercles de partage font partie intégrante de ces pratiques de connexion. Pourquoi ? Parce que se sentir entendu.e.s est un moment très fort. On se sent reconnu.e.s et accueilli.e.s dans ce que nous vivons et ressentons.

Quels bénéfices retirent les personnes des activités que tu proposes ?

Intuitivement, la grande majorité des personnes sentent que la nature leur fait du bien.

La nature est ancrée dans notre mémoire ancestrale et dans notre héritage biologique. Nous avons évolué avec elle. Elle nous habite, sans que nous en ayons parfois conscience.

Passer du temps en nature, même 2 ou 3 heures seulement, va au-delà de la recherche d’un bien-être éphémère. Cela nous reconnecte à une expérience profonde multisensorielle, où nous nous sentons en unité, en harmonie, avec des effets positifs et durables sur notre santé mentale, physique et émotionnelle.

En contactant nos sens physiques et non physiques (l’intuition par exemple), nous (r)éveillons des sensations, nous ouvrons la porte à nos émotions.

Ce faisant, nous ne voyons plus la nature comme un décor mais comme une partenaire vivante et inter-agissante que l’on a envie de préserver et avec qui on a envie d’être dans l’échange.

C’est d’ailleurs quelque chose me frappe depuis plusieurs mois : les gens ne veulent pas « consommer » la nature. Ils veulent la vivre de l’intérieur, ils veulent être en contact avec ce système vivant, le ressentir dans leur corps et dans leur cœur.


À titre personnel, qu’est-ce que la nature t’apporte ?


Un silence reposant.

Un silence constitué de sons naturels, qui évoquent la vie en mouvement : chants d’oiseaux, bruissement des feuilles, craquement des branches, gouttes de pluie rebondissant sur les herbes, crépitement de mes pas sur la terre.

J’ai profondément besoin de ce silence, parce que dans la vie quotidienne, on ne se rend même plus compte de la pollution sonore à laquelle nous sommes en permanence soumis.es.

Elle m’apporte aussi un autre rapport au temps.

Quand j’entre en forêt, symboliquement le temps se suspend. Pendant quelques heures, il n’a plus d’importance. Je flâne, je me pose, je contemple, sans aucun objectif, si ce n’est celui d’être dans l’ici et maintenant.

Quand je reviens dans la vie quotidienne, il me faut toujours un petit moment de réadaptation.


Pour conclure, as-tu une pratique de connexion à partager avec les lecteurs.trices ?


Le sit spot est une pratique très courante dans les activités de connexion à la nature. Elle a son origine chez les peuples amérindiens.

Le sit spot signifie littéralement « le lieu où s’assoir ».

Quand on a l’esprit confus, le moral en berne ou tout simplement envie de calme et de ne rien faire, le sit spot est parfait.

On identifie un lieu dans la nature dans lequel nous nous sentons particulièrement bien.

Ce n’est pas nécessairement en pleine nature. L’idée est de chercher un endroit compatible avec nos activités quotidiennes : par exemple, un parc urbain, son jardin, le jardin d’un musée, voire son balcon s’il y a des végétaux et ne donne pas sur une rue à fort trafic.

Ce qui compte, c’est de s’y rendre régulièrement sans autre objectif que d’y rester assis.e pendant une dizaine de minutes, à être pleinement présent.e et à observer sans but ce qui nous entoure.

Un lien de plus en plus fort se crée à cet espace de nature, qui devient un lieu de ressourcement et de connexion à notre intériorité, apportant force, sérénité, alignement intérieur, vitalité retrouvée.


Pour suivre Nathalie :

Site internet : https://www.homoecologicus.ch/

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